HBO un modèle pour les producteurs de séries télévisées

La chaîne H.B.O. a vu le jour en 1971. Elle fut premièrement baptisée par son créateur Charles Don first, the Green Chanel, avant qu’il s’associe avec un jeune avocat newyorkais Gérald Levin, ils rebaptiseront ensemble la chaîne, H.B.O. (Home Box Office). Ils décident de créer une chaîne payante, sans publicité qui proposerait les grands évènements sportifs et les grands films du cinéma hollywoodien, en exclusivité.[1] La chaîne a pu conquérir dans les années 1970 et 1980 un public fidèle, avant de devenir la chaîne câblée la plus novatrice dans le lancement de séries télévisées dans le tournant des années 1990. Cette chaîne a servi de modèle notamment à la chaîne câblée Canal +, en France[2]. La chaîne H.B.O. est une chaine payante, aucune publicité ne vient interrompre ses programmes, en conséquence la chaîne n’a aucun diffuseur à satisfaire contrairement aux chaînes de télévision nationales. Elle peut donc se concentrer pleinement aux désirs de ses abonnées en traitant des sujets subversifs qui n’auraient par leur place sur les autres chaînes concurrentes, qui elles doivent satisfaire des annonceurs qui payent les coûts de production des séries télévisées. Ainsi, dans les années 1990, la chaîne H.B.O. décide de laisser carte blanche à des showrunners[3] en misant principalement sur une politique d’auteur. La durée des épisodes ne répond pas aux contraintes habituelles et peuvent aller de 50 à 59 minutes et le nombre d’épisodes pour chaque saison est réduit à un nombre allant de 9 à 12. La chaîne H.B.O. peut se permettre de miser sur quatre séries différentes sur une même année, le temps d’antenne d’une série étant réduit à trois mois maximum. Qui dit plus de séries, dit plus de spectateurs différents et donc plus de fidélisation.

En investissant dans les séries télévisées, H.B.O. passe de diffuseur à producteur. Avec des séries télévisées telles que Oz (1997-2003), Les Sopranos (1999-2007), Sex and the City (1998-2004) ou encore Six Feet Under (2001-2005), H.B.O. a pu obtenir la reconnaissance du public, mais aussi des critiques de cinéma. Ses séries télévisées sont désormais sa marque de fabrique. Elles sont toutes uniques, variant les genres. Les créateurs de ces séries ne connaissent aucune censure et jouissent en conséquence d’une grande liberté aussi bien au niveau du fond que de la forme. Aucune de ces séries ne pourraient être diffusées sur d’autres chaînes risquant d’office de se voir censurées à l’antenne. Ainsi, la chaîne H.B.O. attire de plus en plus une catégorie de spectateurs qui habituellement ne regardent pas la télévision.

Elle continue encore de nos jours avec des séries tels que GirlsBoardwalk Empire, Rome, Game of Thrones,True Blood ou encore True Detective. En devenant un modèle en ce qui concerne le lancement de programmes originaux, la chaîne sert de modèle pour toutes les autres chaînes du câble qui veulent investir dans les séries télévisées. La chaîne câblée Showtime s’est lancée depuis quelques années en concurrence directe avec la chaîne H.B.O.. Showtime a repris le concept de séries novatrices et osées, en produisant des séries telles que The L WordWeedsThe Tudors ou encore Dexter qui reste le fleuron de la chaîne.


[1] EDGERTON G. R. et JONES J. P., The essential HBO reader, the University Press of Kentucky2008, p 1.

[2] BENASSI S.: Séries et feuilletons T.V., pour une typologie des fictions télévisuelles, Liège Editions du Céfal, 2002, p 200.

[3] Le showrunner est le terme anglais pour désigner un créateur de série télévisée.

Sophie Bourrier

Partagez l'article