Imaginez un pays où la majorité de la population est stérile dû aux déchets toxiques et à la pollution, où un groupe de fanatiques religieux décide de faire un coup d’État et de dissoudre le sénat et de prendre le contrôle du pays. Imaginez un pays où les femmes fécondes se retrouvent séparées de leurs enfants et de leur mari, qui se font la plupart du temps tués, où les femmes n’ont plus le droit de travailler, de lire, d’écrire et perdent même jusqu’à leur prénom et se font placer dans des familles pour se faire violer une fois par mois pour fournir des enfants à l’élite. Ce pays est Gilead et Hulu va vous immerger dans cet univers qui vous fera dresser tous les poils de votre corps, au sens littérale du terme.
The Handmaid’s Tale a été citée à de nombreuses reprises, depuis sa sortie en avril 2017, comme la série la plus effrayante de l’année. Et le mot effrayant n’est pas assez fort pour décrire ce que l’on ressent quand l’on découvre cette série. Adaptée du roman éponyme, de Margaret Atwood, paru en 1985, le roman avait déjà fait beaucoup parlé de lui. La série ne fait que rappeler ce que l’écrivaine avait imaginé en 1985 et qui fait de plus en plus écho à ce qu’il se passe dans de nombreux pays à notre époque, la baisse de la natalité, la place de la religion dans nos sociétés, le droit des femmes qui recule dans certains pays (avortement, contraception,…), la montée du fondamentalisme religieux, le conservatisme, le nationalisme, le réchauffement climatique dans le Monde, la montée du FN en France et du nationalisme dans de nombreux pays, l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, le droit des homosexuels. On vit à l’heure actuelle dans un Monde où tout pourrait basculer du jour au lendemain. D’ailleurs des femmes ont choisi de défiler en 2017 dans les rues de Los Angeles habillées en Servantes Ecarlates pour protester contre les nouvelles lois contre l’avortement aux États-Unis. Gilead est tel une ombre qui plane au-dessus de nous, nous rappelant qu’un tel scénario pourrait nous aussi nous accabler et que personne n’est à l’abri.
Le rôle principal a été donné à Elisabeth Moss (Mad Men, Top of the Lake,..) qui incarne à la perfection le personnage de June/Offred à qui il est si facile de s’identifier. Elle réussit à nous transmettre toute une palette d’émotions à l’aide de son visage sans prononcer un mot. Elle tient notamment le rôle centrale de narratrice. Elle nous raconte sont récit de manière anachronique sous forme de flashbacks pour nous expliquer comment elle en est arrivée là. Son récit nous permet de découvrir toute une multitude de personnages tous plus incroyables les uns que les autres. Tante Lydia qui forme les servantes, le commandant et son épouse que Offred sert, les autres Servantes écarlates, Nick l’homme à tout faire, les Marthas qui servent de cuisinières et de femmes de ménages. Tous ces personnages sont incarnés par des acteurs pour la plupart connus du grand public, Samira Wiley (Orange is The New Black), Joseph Fiennes (American Horror Story, Camelot, Shakespeare in Love), Yvonne Strahovski (Dexter), Max Minghella (The Social Network, Agora), Ann Dowd (The Leftovers).
La première saison retrace fidèlement le roman de Margaret Atwood, à quelques exceptions près, qui s’achève de la même manière que le dernier épisode de la saison 1. L’univers visuel du roman est fidèlement représentée (les tenues, la ville, les maisons). Chaque scène est telle un tableau que l’on a envie de contempler d’une curiosité morbide. Pour rester au plus proche de l’univers créé par l’écrivaine, le créateur de la série a fait appel à cette dernière pour l’épauler dans l’écriture des saisons suivantes. Sofandeseries ne vous dira qu’une chose, foncez à la découverte d’une des meilleures nouveautés sérielles de l’année 2017.
Sophie Bourrier
Catégories : 2010, 21ème Siècle, Adaptation Littéraire, Drame, Guerre, Hulu, Science-Fiction